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Illustration par Unini

Suite à l'arrivée du numérique ces dernières années dans beaucoup de domaines, nombre de nos habitudes, en tant qu'utilisateur, ont été modifiées. Parmi ces domaines, on observe un impact particulièrement fort dans le milieu médical, tandis que la crise sanitaire du covid 19 a grandement participé à cette introduction du numérique dans le parcours de soins. 

 

De nouveaux outils ont été mis en place et ont démontré toute leur utilité avec le développement des téléconsultations et des applications de traçage. Un exemple concret, Tessan a créé des cabines de téléconsultations. Petits espaces individuels, équipés de matériel médical ainsi que d’un système d’appel vidéo, ces cabines permettent à un médecin de vous guider en ligne pour effectuer les gestes nécessaires au diagnostic. Ce sont une barrière en plus pour limiter les contagions entre médecins et patients mais aussi entre les patients dans les espaces d’attente ou de passage du cabinet. Ces cabines n'ont en aucun cas pour but de remplacer les cabinets médicaux traditionnels qui doivent rester accessibles en cas d'analyses complémentaires. Mais cela peut être vu comme une solution aux déserts médicaux par exemple.

Cabine Tessan

Par ailleurs, nous sommes nombreux aujourd’hui à utiliser des applications dans notre quotidien. Que ce soit des applications facilitant nos prises de rendez-vous comme Doctolib, des applications dites de “self-monitoring” qui permettent de compter nos pas ou suivre notre alimentation par exemple ou encore des applications de suivi de démarches en ligne ou encore de consulter de résultats à distance, comme Amélie, ces applications présentent un réel avantage d’autonomie pour l’utilisateur. Et les utilisateurs ne sont pas seuls bénéficiaires de ces nouveaux outils : souvent, les services de e-santé permettent un gain de temps aux praticiens qui ont moins d’administration à faire. 

Doctolib
Amelie
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Health

On note également un meilleur suivi des dossiers en communiquant des informations sur le dossier en ligne du patient, les divers spécialistes en charge du dossier auront un historique de toutes les interventions et potentielles contre indications. Il faut cependant noter que c’est notre moteur de recherche qui connaît le mieux notre état de santé puisque lorsque l’on a un problème on fait directement une recherche souvent sur les symptômes que l’on a.

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Illustration par Unini

C'est dans cet objectif de regrouper les services que l'assurance maladie a lancé en 2011, le dossier médical partagé. Ce service, disponible sur le web, permettait à chaque patient de compléter lui-même son dossier de santé, et les praticiens pouvaient, eux-aussi avoir accès et modifier ce dossier. Le service a été fermé le 1er juillet 2021 à cause des questions éthiques que cet accès total pouvait soulever. Un service public visant à faire le lien entre les professionnels de santé a donc été lancé par l’Etat suite à ce premier essai infructueux. 

Contrairement à DMP, Mon Espace Santé est rattaché à l’agence du numérique en santé et permet de stocker gratuitement ses documents et ses données de santé et de pouvoir les partager avec les professionnels de santé. Ainsi, si votre cardiologue partage des informations confidentielles à votre égard à votre médecin eux seuls y auront accès. Ces services peuvent également être mis en relation avec vos applications de santé comme Doctolib et permettent de regrouper votre carnet d’adresse médicales, ou vos prises de rendez-vous.

"L’Intelligence artificielle a également permis l’apparition d’outils importants de l’évolution du numérique dans le domaine de la santé."

L’Intelligence artificielle a également permis l’apparition d’outils importants de l’évolution du numérique dans le domaine de la santé. Les IA sont de plus en plus performantes et peuvent être utilisées au bloc opératoire notamment. C’est le cas du robot Da Vinci qui permet au chirurgien de visionner l’opération sur un écran et de communiquer les actions à effectuer au robot qui opère avec une grande précision. On peut alors y voir une solution pour pallier le manque de médecins. 

Machine chirurgical

Ainsi un chirurgien de région parisienne pourrait opérer à distance par le biais d’une connexion internet sécurisée un patient situé dans le sud de la France. Dans le cas de diagnostic, les IA ayant une base de données plus élevée et diversifiée qu’un médecin qui a une expérience limitée par son lieu d’exercice, elles seront capables de détecter des maladies parfois inconnues dans certaines régions mais facilement identifiées dans d’autres. Les IA pourraient communiquer entre elles sur les symptômes de pathologies du monde entier permettant par exemple à une IA européenne de détecter une fièvre jaune pourtant très peu dévelopée dans la région. Pour autant, la question de remplacer totalement des médecins qualifiés par des IA pose problème. Outre la problématique humaine de licenciement des médecins, il y a aussi celle de la prise de décision. En effet, les IA sont habilitées à suivre les programmes qui leur sont ordonnés mais ne sont pas programmées pour la prise de décision, ce qui peut être un danger en cas de pronostic vital engagé. Face à des symptômes inconnus, l’IA sera par ailleurs aussi démunie qu’un médecin.

L’arrivée du numérique dans le domaine médical apporte donc de nombreux avantages pour les patients comme les praticiens. Cependant, cette évolution comporte aussi un certain nombre d’inconvénients.

 

Tout d’abord, le personnel soignant déplore un manque de formation pour ces nouveaux outils, certaines personnes sont ainsi mises en marge. On pense bien sûr aux personnes âgées mais les praticiens sont aussi concernés puisque 59% des professionnels de santé considèrent avoir un niveau de formation insuffisant. Seulement 30% du personnel déclare se sentir suffisamment accompagnement.

Il y a donc beaucoup d’inégalités d’accès aux services. Ces inégalité se fait particulièrement ressentir dans les territoires ultra-marins : seulement 50 % de la population domienne est raccordée à Internet, pour une moyenne nationale de 81 %. On peut aussi nommer les limites économiques mais encore les limites liées à certains handicaps (ex: malvoyante).

"59% des professionnels de santé considèrent avoir un niveau de formation insuffisant. 

Par ailleurs, les données de santé sont des données dites “sensibles” or Google en sait plus sur notre santé que notre médecin généraliste. En effet, notre premier réflexe, quand on a un symptôme, est de faire une recherche sur Google. Il est bien sûr illégal de récolter et vendre les données à caractère sensible mais un reportage de mai 2021 réalisé par Cash Investigation a mis en lumière que certaines plateformes que nous utilisons le font. Cela pour plusieurs buts, l’un des premiers étant la vente des données pour permettre des publicités plus ciblées.

Un autre danger est celui des cyberattaques. Dernièrement c’est l’hôpital de Corbeil-Essonnes près de Paris qui a subi une cyberattaque. Pendant deux mois,  le centre hospitalier n’avait plus accès à ses logiciels et dossiers numériques. Autre exemple : plus de 11 gigaoctets de données dérobées au Centre hospitalier sud-francilien ont été mises en ligne en septembre 2022 sur le site du groupe cybercriminels Lockbit. Les données volées peuvent contenir des mots de passe, qui servent à pirater la boîte e-mail d’un utilisateur ou d’autres comptes. Mais elles sont surtout utiles pour les pirates qui souhaitent les utiliser ensuite dans des campagnes d’hameçonnage. 

Illustration par Unini

Des informations comme le nom, prénom, numéro de Sécurité sociale, numéro de téléphone et adresse e-mail, par exemples, se retrouvent dans des bases de données pour être revendues ou distribuées sur le marché noir.

Pour conclure, on sait que le numérique dans la santé est un sujet qui a beaucoup avancé au cours des années et qui va prendre une place plus importante dans le futur. Néanmoins il faut rester vigilant et ne pas cesser de s’interroger sur notre pratique faute de s’exposer au piratage de nos données personnelles ou pire, dévoiler les conditions médicales à nos lieux de travail, banques ou autres. Par ailleurs, à trop utiliser les nouvelles technologies, on en oublie que l’on soigne avant tout des humains : les nouveaux outils numériques sont un atout, à condition qu’ils ne remplacent pas totalement le lien humain nécessaire à notre santé mentale, elle-même corrélée à notre santé physique.

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